Alphabet créatif à l’Ouest
La maîtrise d’œuvre souhaite conserver l’esprit 1950 de la salle de restauration. Il s’agit donc d’atteindre la surface d’absorption acoustique nécessaire au confort, dans ce vaste volume surplombé d’une verrière, aux murs déjà chargés de colonnes et corniches, et percés de multiples ouvertures. « La voute était déjà intégralement recouverte d’enduit acoustique, poursuit Adrien Guillemin. Une des options consistait à suspendre des éléments acoustiques pour ajouter de la surface, tout en laissant passer la lumière, et en abaissant légèrement l’échelle de la pièce. » Le choix de l’architecte se porte ainsi sur les cônes de la gamme Abso, qui seront installés sous la verrière historique. Pour trouver la bonne solution d’implantation, il réalise nombre de simulations en 3D, puis modélise la forme d’un gros ballon dirigeable permettant de disposer subtilement les 68 cônes selon une trame à double courbure, et d’intégrer, dans la composition, des suspensions lumineuses (choisies en fonction des cônes). Le tout est suspendu sur une résille en aluminium ultra fine, conçue spécialement, et elle-même accrochée à la verrière historique par un réseau de petits filins métalliques. « L’ensemble forme comme un ventre, décrit le concepteur. Le cône le plus bas est au centre de la pièce, et la composition remonte progressivement vers l’extérieur, ce qui permet de dégager la vue sur les grandes portes en chêne cérusé et les corniches. » Le choix des couleurs est un clin d’œil à la Présidence. « À l’agence, nous appelons cette pièce la salle du 14 juillet », sourit l’architecte, qui s’étonne presque du peu de temps qu’il a fallu pour suspendre les cônes sur la structure. Cependant, il faut encore créer de la surface d’absorption pour atteindre l’objectif fixé par l’acousticien. C’est là qu’entre en scène le Vibrasto, et ce, de deux manières. « De part et d’autre des entrées vitrées, nous avions un peu de surface murale disponible, poursuit Adrien Guillemin. Or au cours du projet, j’avais retrouvé des documents historiques, consignant les éléments programmatiques d’origine du bâtiment : le nombre de chevaux que les écuries devaient accueillir et les personnels qu’il fallait loger, ou encore la liste des matériaux préconisés pour la construction, les croquis correspondants, etc. Je me suis beaucoup amusé à composer des planches à partir de ces documents, que nous avons faites imprimer sur du Vibrasto par Texaa, puis encadrer dans des baguettes en laiton, un peu à la manière de tableaux. Et puis, en tendant du Vibrasto uni sur de petits cadres en tôle fixés au-dessus de quelques portes, avec au centre, une réservation, nous avons pu soigner l’intégration des bouches d’aération de la pièce, et ainsi gagner encore un peu de surface d’absorption. »