Texaa et Made in Past : une initiative circulaire innovante et inédite

Alors que Texaa travaille à la mise en place de l’offre de reprise de ses panneaux acoustiques Stereo, l’entreprise spécialisée en réemploi Made in Past la contacte. Cette dernière possède une expertise complète et des moyens logistiques lui permettant de prendre en charge l’ensemble du curage et de la valorisation des matériaux récupérés : le diagnostic ressource, l’étude comparative démolition/déconstruction, la dépose soignée des matériaux ainsi que leur commercialisation par rachat ou par courtage. Made in Past accompagne désormais également les acteurs de la construction dans la mise en place de leur démarche de réemploi. Et l’entreprise a justement récupéré un volume de panneaux sur un chantier de démolition. Elle souhaite savoir si Texaa serait intéressée par la reprise de ce stock. Les grands esprits de l’économie circulaire se rencontrent ?

C’est une première pour Texaa, mais aussi pour Made in Past qui n’avait jusque-là jamais reçu une telle offre directement d’un fabricant de panneaux acoustiques. « Nous travaillons régulièrement avec des industriels sur certaines filières comme les sanitaires, précise Lola Petit, responsable stock matériaux et chargée de vente chez Made in Past, mais de manière aussi fluide et carrée, ça n’avait jamais été le cas. Lorsque nous recevons des matériaux au stock, mon premier travail consiste à les identifier. Là, les panneaux étaient très bien étiquetés, et mon interlocuteur chez Texaa a pu immédiatement me fournir les bonnes informations, le bon cahier des charges, la grille tarifaire de la reprise. Tout était déjà très structuré, anticipé. Or à mon sens, la réussite des démarches de réemploi repose en grande partie sur la qualité de nos interlocuteurs et les motivations partagées. » Mais pour les deux entreprises, c’est aussi l’occasion de mettre en place une forme d’économie circulaire innovante, qualitative, et génératrice d’une valeur pérenne.

« Nous aimerions que nos panneaux durent le plus longtemps possible. Leurs formes minimalistes, la robustesse de leurs composants et leur niveau de qualité leur permettent d’avoir plusieurs vies. Le principe de reprise n’existe pas encore dans le domaine de la construction, souligne Charles Lombard de Texaa, mais ce serait tout à fait possible pour un certain nombre de produits, dont nos panneaux. » Un constat que partage Made in Past : « Beaucoup trop de matériaux finissent dans des bennes quand ils pourraient être remis en œuvre. De plus, la diminution des ressources naturelles disponibles, les difficultés croissantes d’approvisionnement et les coûts en constante augmentation, poussent à s’interroger sur la pertinence du paradigme actuel. Or à l’ensemble de ces problématiques, le réemploi nous apparaît comme un élément de réponse plus que pertinent et à même de proposer une alternative concrète aux enjeux environnementaux et économiques du secteur de la construction. »

Texaa travaille en effet à la mise en place d’un processus de réemploi de ses panneaux dans son atelier, afin de réintégrer leurs composants principaux dans la chaîne de production de panneaux neufs. « Nous cherchions à réduire nos impacts, et donc à supprimer l’acier dans nos panneaux. Puis nous avons compris que le problème n’est pas d’utiliser de l’acier mais de l’extraire pour le jeter au bout de 10 ou 20 ans, souligne Matthieu Demptos, PDG de Texaa. Récupérer de « vieux » Stereo pour en faire des panneaux neufs revient à mieux exploiter la qualité et la performance des matériaux qui constituent nos panneaux, à mieux valoriser le travail qui a été fait. Notre but est de proposer une solution à grande échelle, au-delà de la rénovation sur site ou de la revente locale qui se pratiquent régulièrement mais qui restent pour l’instant cantonnées à une pratique confidentielle. Nous avons besoin de progresser plus vite que ça. » Or, une des principales difficultés est de repérer des gisements de panneaux d’âge et de dimension répondant à nos besoins. La contrainte logistique est un autre point clef pour le succès du réemploi : il faut transporter des quantités suffisantes pour que l’impact économique et environnemental du transport soit compensé.

« En deçà de ces volumes, il vaut mieux privilégier le marché local de la seconde main… ou alors stocker dans un point proche du lieu de collecte dans le but de rassembler plusieurs petits lots en attendant d’avoir les volumes suffisants pour déclencher le rachat et le recyclage par Texaa. C’est justement ce que nous avons convenu quand Made in Past nous a contactés avec un lot trop petit pour que l’opération soit “rentable”, poursuit-il. Puis Made in Past a réuni des lots complémentaires, et nous déclenchions notre première opération de rachat ! Il me semble que pouvoir s’appuyer sur l’expertise de l’autre est une formidable opportunité pour chacune de nos deux entreprises. Un professionnel de la dépose qui nous revend et nous livre nos produits, vérifiés, identifiés et soigneusement conditionnés pour leur permettre de reprendre le chemin minutieux de notre fabrication. Et une solution de revente limpide et stable pour Made in Past. »

Un bel exemple de synergie entre deux acteurs dont les activités deviennent complémentaires. Et la mise en œuvre d’une sorte d’idéal de circularité : face aux défis de l’architecture d’aujourd’hui, une proposition concrète et qualitative, collaborative et pouvant être développée à grande échelle. Lola Petit souligne : « À mon sens, le bel avenir du réemploi s’écrira avec les industriels. » Et Texaa de conclure : « Il n’y a plus qu’à multiplier ce type de partenariat ! »