Il faut dire que la couleur y met du sien. Compte tenu d’une perception en instabilité permanente, selon les lieux, la température, la lumière, les époques… le choix d’une couleur, isolément et hors contexte, laisse toujours en suspens la possibilité d’une autre, plus ceci ou moins cela. Sortie du nuancier, même le plus exhaustif, la couleur que l’on croyait autonome se met à prendre le large pour s’attacher à tout ce qu’elle côtoie ou qu’elle recouvre. Les objets, les espaces, les lieux, dedans, dehors, de jour, de nuit, sont autant de conditions physiques qui rendent visible sa relativité. Texaa admet ces principes et les éprouve. Chez Texaa, la couleur est relation. Elle est un prisme à travers lequel l’entreprise se mobilise et affirme ses positions.
La maille Aeria1 ressort d’une démarche inventive. La fonction initiale d’un tissu tricoté, laisser l’air circuler, a été déplacée dans le domaine acoustique, laisser passer le son. Dire Texaa, comme on dirait frigidaire dans le domaine du froid, c’est dire un matériau et un système acoustique spécifiques. En d’autres termes, c’est dire un textile transonore (Aeria) suffisamment souple et aéré, associé à un absorbant. Les qualités plastiques du tissu, visuelles et tactiles, font l’objet d’une attention précieuse. La Maille Ronde, très réceptive à la prise de lumière, fait vibrer la couleur et donne à la matière une texture telle que l’envie de toucher est aussi forte que le plaisir de voir.
La fierté de Texaa tient à cette fabrication textile, dont les outils industriels, métiers à tricoter et bobines, tables de découpe et cabines d’expérimentations acoustiques, s’accordent à un fait maison artisanal. La production apporte des réponses singulières et non standardisées pour des lieux tous différents. La fonction d’absorption du son s’articule à la nécessité de concevoir un environnement habitable et confortable. Celle d’habillage et de recouvrement, fonction première et ancestrale de la matière textile, entre en jeu avec la qualité du fil, son épaisseur et son titrage, son cassant et sa tension, la nature de la maille, maille ronde resserrée ou lâche, le mélange des fils, l’imprégnation homogène d’une teinte. Tous ces paramètres font l’objet d’une attention continue. De l’ingénierie des matériaux au réglage des métiers à tricoter, du nettoyage à la pince à épiler pour supprimer les plumiches des ensouples (nappes de 300 fils parfaitement répartis) à la surveillance du lignage et de la teinture qui doit être uniforme… tous les savoir-faire y participent. Ensemble, ils visent l’adéquation entre l’exigence technique de l’acousticien et l’ambition esthétique.
Depuis 2005, l’architecte et coloriste Christine Bernos donne le ton. Chez elle, rien n’échappe à la couleur, ni le noir ni le blanc. L’ordre rationnel qu’elle propose à travers une gamme de couleurs n’ignore pas la relativité des sensations et des perceptions, quel que soit l’environnement concerné, toujours fabriqué par des saveurs, des couleurs, des textures, des odeurs et des sons. Cette approche sensible se confronte au monde construit de l’architecture où les matériaux, les volumes, les surfaces et l’usage des lieux sont les principaux paramètres. La conception d’une nouvelle gamme de couleurs met en jeu tous ces éléments.
Texaa aime et défend la couleur. Pour cette nouvelle gamme, vingt-six couleurs et quatre chinés ont été sélectionnés. Constatant le choix très fréquent du gris, la coloriste a conçu une gamme à partir des matériaux de construction les plus souvent présents. Bois, verre, métal, pierre l’ont orientée vers une tonalité douce et peu contrastée. Quatre couleurs franches et basiques, jaune, vert, rouge, bleu, ont été mises en rapport avec une sélection de huit tons de gris, des plus chauds au plus froids. Leurs nuances se déclinent selon trois catégories, foncé, moyen et clair. Il s’en dégage un nuancier subtil qui laisse lentement monter la couleur dans le temps qu’on le regarde. Ce choix intuitif tout autant que sensible s’est appuyé sur de nombreux échantillons faits d’aller-retour avec les fabricants de fil et les teinturiers. Pensés pour l’architecture, ces échantillons ont permis d’explorer les associations possibles des textiles colorés en référence aux relations qui existent, selon la lumière, entre un sol, un plafond et un mur. Au fur et à mesure des échanges, faits d’hésitations ou d’adhésions face à la nouveauté, un arbitrage se dessine en adéquation avec les orientations de Texaa et ses perspectives. L’homogénéité de la gamme tient à l’assourdissement ressenti qui s’en dégage. À cet endroit, la nouvelle gamme relie secrètement les utilisateurs aux correspondances entre couleur et son explorées par le poète ou le musicien.