Le pionnier de la première tendance, c’est l’architecte Bruno Taut.
Nous sommes dans les années 1910 et sa conviction, c’est que la couleur pourrait améliorer la vie quotidienne des citadins : « Nous ne voulons plus construire de maisons tristes, écrit-il. La couleur, c’est la joie de vivre et, comme elle n’est pas aussi chère que les décorations en moulures et en relief, on peut la donner avec peu de moyens… ». Taut défendait l’utilisation de couleurs intenses, comme le rouge, le vert, l’ocre ou le violet. Il réalise ainsi la première mise en couleur d’un ensemble d’habitation, la cité-jardin berlinoise de Falkenberg : les façades sont colorées en rouge et vert olive – et marron-jaune avec du blanc brillant – en individualisant les différents bâtiments, pense Taut, la couleur permettra aux habitants de s’approprier leur logement plus rapidement.
Du côté des tenants de la couleur, on peut ensuite inscrire les architectes et peintres hollandais du groupe De Stijl, Piet Mondrian, Gerrit Rietveld, J.-J.-P. Oud et Theo van Doesburg. En petites touches ou en aplats généreux, ils composent la couleur, à l’intérieur ou à l’extérieur, dans un principe d’équivalence des moyens plastiques entre peinture et architecture.
Au Bauhaus, Walter Gropius oppose au « blanc pur », la couleur comme expression d’une utopie sociale. Il défend cependant l’idée d’un extérieur quasi exclusivement blanc, les variations de couleur se jouant, selon lui, plutôt à l’intérieur. Et comme les opinions et les représentations des enseignants divergeaient, le Bauhaus se tiendra, paradoxalement, un peu en retrait des discussions contemporaines sur la question des couleurs dans l’architecture.